Partons d'une idée simple en apparence, avant de chercher à la mettre à l'épreuve : il suffirait, pour que la justice règne dans l'État, que les citoyens qui le composent, et en particulier ses dirigeants, soient eux-mêmes justes.
Comme dans le tableau de Mantegna, il faudrait que Minerve, déesse de la sagesse, chasse les vices des jardins de la vertu. En effet, on entend par justice morale une vertu qui consiste à savoir vivre harmonieusement, en respectant ce que l'on se doit à soi-même, comme aux autres. Une vertu, c'est une force morale, une capacité acquise à faire le bien.
De fait, on peut partir de l'idée classique selon laquelle "l'homme est par nature un animal politique" (ARISTOTE, Politique, I, 2, tr. Tricot, Vrin, p. 28) : chaque être humain ne peut épanouir ses capacités qu'en se rattachant à un groupe plus ou moins élargi, familial, professionnel, d'affinité… Le groupe social qui englobe tous les autres, c'est la Cité : elle protège les citoyens, elle les gouverne et les fait vivre de façon libre et juste, à la fois par ses forces, par sa loi, et par l'usage commun de la raison. La Cité est une première forme d'État, le corps politique constitué de la société des citoyens, qui partagent la conscience la plus vive de cette "chose commune" (res publica en latin), la République.
Mais que vaut cette belle idée d'un État qui ferait régner la justice grâce à la vertu morale de ses citoyens et de ses dirigeants ? La vertu et la justice ne sont-elles pas des conventions fragiles, différentes selon chaque société ? L'être humain est-il d'abord par nature un "animal rationnel", ou bien surtout un être de désir et de pouvoir ?
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